Special delivery ft. Yoo Jin

(( ootd )) || Ta mère, cette femelle pas fiable et égoïste, avait décidé de t’abandonner avec ta propre progéniture pour accompagner son mari (ton infernal et infecte père) à un de ses suivis de physiothérapie pour sa hanche capricieuse! Le genre de connerie qu’elle aurait pu éviter, en lui ordonnant de prendre un taxi, de marcher tiens (le doc’ avait dit que c’était fortement recommandé pour son mal) les kilomètres qui le séparait du centre hospitalier. Mais non, en ce jeudi soir, elle avait emprunté ta voiture et t’avait contraint d’annuler ton rancard avec une jeune un peu trop bien roulée, au profit d’une soirée père-fille. Et le pire, c’est qu’elle ne t’avait même pas laissé des plats à réchauffer, trop pressée de t’abandonner à ton sort! Tu chipais dans ses maigres honoraires de babysitting de quoi vous acheter une pizza et faire cesser les jérémiades de ton héritière larmoyante, un de calories superflus ne la tuerait pas, t’aurais qu’à la faire courir au parc pour sauver tes gènes d’une humiliation par un physique disgracieux. Le pire, c’est que tu ne remarquais même pas, à quel point tes complexes corporels et tes troubles alimentaires étaient imposés sur elle. Tu tentais de rester calme, t’avais levé le ton juste 15 fois dans la dernière heure, mais Min, elle dépassait les limites en tentant de négocier une friandise glacée! Tu la fusillais du regard dans un très sérieux : « Non, t’auras pas de chocolat avec ta pizza! Ça va te tomber dans les hanches et j’pourrais jamais te marier contre trois moutons avant tes 12 ans! » T’étais prêt à la troque pour un seul, franchement, t’étais pas fait pour être père, personne n’avait jamais pris soin de toi, t’avais juste vu ta mère se faire cogner par ton paternel (qu’elle conduisait en physio!) et t’avais survécu grâce aux voisines … tu savais pas, te soucier d’un autre être, surtout pas de la fillette. La petite peste te balançait sa peluche de licorne à la gueule dans un : « T’ES PLUS MON PAPA !! » qui faisait ressortir ton 2 ans d’âge mentale. Tu rétorquais, enfoiré : « BAH TANT MIEUX !! CROIS MOI SI J’POUVAIS J’LAURAIS JAMAIS ……. MIN! MIN MERDE !!! » Elle avait recommencé à te frapper avec ses peluches, elle en avait trop, tu le dirais à ta mère, si elle avait autant de fric à brûler, elle pouvait t’acheter des fringues luxueuses à toi au lieu! T’étais son fils merde! Ton supplice s’arrêtait pas le son de la sonnette, et avant que t’ais pu te relever, Min Ah trottinait vers la porte pour répondre sans une once de prudence. Tu lui avais bien enseigné, en espérant qu’on la kidnapperait. C’était toujours pas arrivé. Ce soir, c’était peut-être ton jour de chance! Tu voyais dans la porte ouverte devant sa petite taille, un monstre tatoué qui avait tout d’un tueur en sérieux. Disgracieux, assez moche, le genre de mec qui – s’il avait le fric – rendrait heureux un chirurgien !! Tout était à refaire sur sa gueule de merdeux. Oh. Fallait que tu prennes un cliché pour Jun Ha, il allait bien rire d’autant de laideur. T’avais enfin trouvé le ying de son yang, l’être abjecte et répulsif qui compensait sa trop grande perfection. T’envoyais ton texto, pendant que ta fille dévisageait brutus. « Oh ? » Elle devrait hurler non? Mais tu le voyais attraper de ses petits appendices visqueux (ses mains, propres, t’aimait juste pas qu’elle te touche) la paluche du livreur dans un « Ooooooh ! » alors qu’elle souriait à pleine dents « T’AS DES DESSINS SUR LES MAINS !!! » Non. Doux jésus non! Après avoir voulu marier sa copine de garderie, elle voudrait se faire tatouer? C’ÉTAIT PAS TA FILLE, IMPOSSIBLE. 

(( ootd )) || Livrer des pizzas. C’était pas ta passion. De toute façon, t’en avais plus. Même si t’avais continué à jouer au basket en prison y’avait plus personne pour te regarder. T’avais abandonné. Tu te contentais d’enchainer les boulots ingrats et de dormir quand tu rentrais chez toi. Quand t’arrivais à trouver le sommeil et que tu passais pas la nuit au bord de la rivière à vider tes paquets de cigarette et des canettes de soda. T’avais bien dû remplacer ton addiction à l’alcool par une autre. Tu savais même pas pourquoi t’étais encore en vie. Pourquoi tu continuais de respirer. T’avais promis à la mère de ton meilleur ami de pas faire de connerie et comme tu lui était redevable, tu luttais avec tes idées sombres. Deux ans. Juste deux ans de plus à tenir et tu pourrais enfin te libérer de son absence. Du manque qui continuait de te couper le souffle quand tu te retournais pour lui parler. Il n’était plus là depuis longtemps pourtant. Y’avait rien de gratifiant à passer tes soirées sur un scooter à te faire regarder de travers par les clients. T’avais l’habitude d’être jugé avec tes tatouages et ton air aussi fermé. T’avais pas les traits délicats de ton meilleur ami. Peut-être que tu tenais de ton père ? Bizarrement, ça plaisait aux filles. Tu comprenais pas pourquoi, mais t’allais pas nier que t’en profitait pas. Ça te donnait l’impression d’être moins seul le temps que quelques heures, et maintenant, t’avais une copine officielle. Tu la voyais pas souvent en fait. Tu trouvais toujours des excuses pour annuler vos rendez-vous. Elle était gentille. C’était mieux que rien. De quoi te donner un peu de courage pour mettre un pied devant l’autre. Tu savais pas vraiment ce qu’on imaginait quand on te voyait, mais t’avais clairement des allures de délinquant. Ce que t’étais. Certains refusaient d’ouvrir la porte parfois et tu devais trouver des solutions pour récupérer l’argent sans les effrayer encore plus. Tu pouvais pas te permettre de perdre ton boulot. C’était un peu lassé que tu frappais à un nouvel appartement. T’entendais des voix, et t’étais surpris de ne voir personne quand la porte s’ouvrait. Tu baissais le regard sur une gamine. Est-ce qu’elle était seule ? Tu remarquais enfin son père derrière. Tu le connaissais trop bien, le regard qu’il posait sur toi. T’essayais de l’ignorer. Et soudain t’étais sorti de tes pensées par des petites mains chaudes. Tu posais un genou à terre pour te mettre à son niveau et tu la laissais observer les dessins sur ta main. Chacun de tes tatouages étaient liés à tes souvenirs. A ceux de ton meilleur ami. Tu te doutais que son père pourrait faire une crise cardiaque et t’affichais un sourire satisfait. « Ouais. T’aimes bien ? » T’avais pas vraiment l’occasion d’avoir une conversation avec des enfants. Les parents les tenaient loin de toi la plupart du temps. Et ils avaient raison. T’étais pas un mec bien. « C’est pour toi la pizza ? » C’était étrange. D’être observé avec une telle innocence. D’être dans ses yeux un type ce qu’il y avait de plus normal. Ça te touchait en plein cœur. T’avais jamais eu une telle pureté en toi. « Tu sais que y’a une promotion spéciale pour les princesses. Un gâteau au chocolat offert. » Tu devrais le payer de ta poche, mais là, t’en avais plus rien à foutre de l’argent.

(( ootd )) || Livreur de pizza, un job de merde que tu ne t’abaisserais JAMAIS à faire (majoritairement parce que les endroits ou t’avais appliqué refusaient d’envoyer l’auteur d’un terrible scandale importuner leurs clients précieux… mais hey, clairement, ils n’avaient aucun goût s’ils confiaient leurs friture à un tel spécimen! C’était d’un vulgaire, tous ses tatouages bidons, sa gueule de gros dur et ses piercings, t’avais rarement vu un truc aussi moche, il te faisait penser aux ridicules petits bulldogs graisseux et immondes, sauf que lui, il ne pouvait pas rouler sur le dos et présenter son ventre pour se sauver l’humiliation de sa sale tête…Ou plutôt, tu préférais ne jamais avoir imaginer un truc pareil! Au moins, ça t’avais coupé l’appétit, t’allais pas dépasser ton apport en calorie absolument maladif et malsain de la journée! Bien occupé à discuter avec le seule âme au mon de capable de t’endurer réellement, tu ne te pressais pas à aller payer pour ta commande, il parlementait avec ta progéniture et ça, ça sauvait tes oreilles de son baragouinage. Bordel, sa mère aurait dû survivre un petit 18 ans de plus, endurer son gnome elle-même, t’étais pas taillé pour être père, même pas un peu, et tu surfais sur le : si elle me déteste, elle va se tirer rapidement et ne jamais nourrir l’illusion stupide qu’un jour ça puisse changer. Tu te souvenais encore le choc dans ton petit cœur d’enfant, quand ton père t’avait cogné la première fois, le regard fuyant de ta mère qu’était un peu trop heureuse de ne pas être le punching bag du soir pour sauver ton petit corps des coups. Puis la rage, la rancune … et l’espoir encore, quand ils avaient repris contact pour te lessiver de tes revenus richissime d’idole. Pour mieux te renier au moment du scandale. T’avais aucun scrupule à abuser de la « bonté » ou culpabilité de ta vieille mère, t’avais plus aucune affection pour eux maintenant, ça faisait moins mal comme ça. Tu reportais ton attention sur le duo, un sourire amusé aux lippes à la lecture de ton téléphone. « C’est trop cool! Tu m’en dessine aussi? » Min Ah, elle ne libérait pas la main du tueur, même qu’elle y enlaçait ses petits doigts en fredonnant, toute heureuse d’avoir une poupée grandeur humaine. Bordel, elle avait de sérieux soucis de goût, fallait vraiment que tu l’amènes consulter pour tes lunettes! Zieutant la pizza, elle gueulait un « Oui! PAPAAAAAAAAA. » de sa voix de harpie pour que tu t’approches et que tu sortes le fric. Fallait toujours payer pour cette bête, ça devenait lassant! Au prix outrageux de ce pain gras d’aurais pu t’offrir une pédicure! Tu tendais les billets au livreur en prenant bien soin de ne pas toucher ses mains immondes, la mine sérieusement dédaigneuse et hautaine, un classique chez toi. Tu disais rien, mais quand il parlait de gâteau au chocolat, tu t’interposais entre ta fille et lui, la forçant à tirer sur sa main plus fort. « T’essais quoi là, de la faire mourir du cœur? Min’ t’as déjà assez de grosses joues sans te taper le double des calories! » Heureusement pour toi, elle avait ton caractère et ta remarque fut punie par un coup de pied sur ton si fragile tibia et d’un « Hmmm. Et si je partage avec lui? » alors qu’elle retournait se cacher derrière la jambe de l’évadé de prison. T’allais protester, mais l’idée d’un bon bain chaud en facetimant ton inséparable pour lui raconter les derniers potins étaient tentante… Alors en père responsable, t’octroyais. « Tu vas partager avec lui ailleurs que dans l’appartement? Et tu vas faire 4 fois le tour du parc à la course pour ton double menton! » Et on croirait même pas que tu venais de l’insulter, vu le sourire radieux qui illuminait ses traits alors qu’elle tentait d’entrainer nounou Mcphee vers la porte, pizza en prime.  

(( ootd )) ||T’étais surpris de faire face à la fillette. T’étais perturbé par son innocence, mais t’étais vite rattrapé par le regard empli de jugement de son paternel. Ou de son frère ? T’étais par certain. Il avait l’air jeune et pas tellement impliqué. C’était pas tes affaires. T’avais juste à laisser la pizza, prendre le fric et repartir pour tes dernières livraisons. Ensuite tu prendrais de quoi manger à l’épicerie avant de trainer au bord de la rivière. T’aimais regarder les étoiles. Te perdre dans tes souvenirs aussi douloureux soient-ils. Tu passais du temps à imaginer ce qu’aurait pu être ta vie, si t’avais pas perdu la moitié de ton âme dix années plus tôt. T’étais pas tellement à l’aise. Les enfants, c’était pas vraiment ton truc, pourtant tu restais là, à l’écouter alors qu’elle regardait tes tatouages comme des œuvres d’arts. Pour toi, ça l’était. Pour les autres ce n’étaient que la preuve de ton manque d’éducation. Tu te fichais qu’on te prenne pour un délinquant. T’avais un casier judiciaire, tu pourrais jamais nier. T’avais fait des conneries, par désespoir. « Euh…ouais. Je sais pas…si t’as des feutres pourquoi pas. Mais faudrait que ton père soit d’accord. Peut-être ? » Tu te redressais pour récupérer les billets, les yeux rivés sur ses doigts qui évitaient les tiens. Ça te faisait sourire sous ta casquette. Il était pas différent de tous les autres. Il était sûrement pire. C’était ce que tu pensais quand tu l’entendais prononcer certains mots. Tu mordais ta lèvre pour ne pas riposter. Tu crevais d’envie de le remettre à sa place. De lui rappeler que c’était qu’une gamine et que c’était pas un morceau au chocolat qui allait en faire une baleine. Tu glissais l’argent dans ta poche pour ne pas écrabouiller le papier entre tes doigts. Y’avait bien longtemps que t’avais pas ressenti ce genre de colère. Tu posais instinctivement une main sur ses petites épaules alors qu’elle se cachait derrière ta jambe après avoir donné une leçon à son paternel. Elle avait du caractère. Ça te plaisait. Ce qui te plaisait moins c’était d’avoir l’impression d’avoir une version de ta mère en face de toi. Celle qui te foutait à la porte quand ta présence la dérangeait trop ou quand elle voulait être tranquille avec un de ses amants. Ça te retournait le cœur et sans réfléchir, c’était vers lui que tu faisais un pas pour t’imposer. « Il est tard. On va manger ici. » Est-ce qu’il la laissait dehors seule ? Souvent ? C’était qu’un enfant putain. T’avais jamais eu de vraie famille. Ton meilleur ami t’avait offert la sienne. Mais elle ? Elle avait personne. « Tu me montres la cuisine. Je vais te couper la pizza. » Tu retirais tes chaussures. Parce que t’étais poli malgré tout. Et tu la suivais sans même jeter un regard au crétin qui lui servait de père. Les gens comme toi, comme elle, ils finissaient toujours mal si y’avait personne pour les raisonner. Et son avenir tu le voyais aussi clairement que le tiens.

(( ootd )) || La fillette avait bien enfoncé ses petits doigts visqueux entre ceux du tatoués et elle ne semblait pas du tout déterminée à le libérer. Avec enthousiasme, elle s’exclamait un : « Oui! J’en ai des feutres !!! Viens! » en tentant de l’attirer vers un coin du salon. Tu t’en foutais, bien occupé avec ton portable. Un adulte responsable se serait probablement inquiété de voir la facilité avec laquelle ta progéniture s’approchait d’un parfait étranger tout ce qu’il y a de plus menaçant dans le but de s’en faire un allié toi … t’en avais rien à foutre. T’avais cette intime conviction que n’importe qui d’autre que toi serait préférable comme tuteur pour cette gamine, que si elle restait trop longtemps à tes côtés, tu reproduirais les horreurs de ton sang, tu la cognerais, tu la briserais, et tu ne laisserais en elle qu’une coquille vide de toute émotion, une créature exactement comme toi. Contre toute attente, ta fille, elle n’avait que colère et protestation pour toi, et surtout, en dépit de tes vices, elle semblait t’aimer d’un amour inconditionnel. Alors, tu la gardais en vie. Ça ne voulait pas dire que t’avais envie de continuer à l’élever, mais plutôt que de la foutre à la rue, tu lui cherchais une mère – sans succès. Peut-être qu’une nounou ferait l’affaire? Selon ce que te textait Jun Ha, ça gagnait pas des masses un livreur de pizza, tu pourrais probablement l’avoir à rabais si tu jouais sur son très évident casier judiciaire (tes préjugés de merdes aussi… t’allais jamais arrêter pour avoir eu raison cette fois-là). T’avais vaguement suivi leurs échanges, jugeant qu’avec sa sale gueule il devait être au niveau mentale de ta gamine, toi, ça t’épuisais d’essayer de décrypter ses phrases pour y donner suite. T’aurais préféré qu’il l’amène dehors mais, la cuisine, c’était super bien au fond, tu le connaissais pas, mais ici, y avait rien à voler. Les petits reins frais de ta fille étaient encore le truc le plus en demande. Avec sa gueule, il avait peut-être des contacts. Meh. T’avais envie d’un bain. Alors tu concédais, dans ta grande générosité : « Tu restes? T’attends pas à un meilleur pourboire, mais tu peux bouffer une pointe. Deux, ça serait criminel t’es déjà pas très en forme… » Charmant, vraiment, fallait que t’arrête de dire autant de connerie. Le truc, c’est que pendant 20 ans, t’avais dû la boucler pour éviter les coups et respecter ton contrat, là, t’y arrivais plus, t’étais déjà au fond de toute manière. Min Ah tirait son nouveau chien vers la cuisine dans un autoritaire : « Je coupe toute seule! » auquel tu répondais avec un haussement nonchalant d’épaules. « Me regardes pas comme ça je cuisine pas. Et si elle s’coupe un doigt, amènes là à l’urgence si t’y pense. » Tu faisais un pas en sens inverse en refermant la porte d’entrée. « C’est sympa de t’en occuper, à plus. » Laissant l’étrange duo seul dans la cuisine, t’en profitait pour te faire couler un bain chaud, avec un max de mousse. T’appliquais un masque hydratant sur ton visage et, une fois nu comme un vers et bien au chaud dans les bulles – jusqu’à la taille, tu facetimais ton inséparable pour lui demander conseil sur ton étrange entrevue d’embauche. Dans la cuisine, ta fille, habituée à tes fuites expliquait au tatoué : « Papa il va faire son appel à maman Jun ! Faut pas déranger! » Puis, elle semblait remarqué l’encre s’extirpant vers son cou dans un très excité et jovial : « OH !!! T’as des dessins là aussi?!? COMME MAUI !! »  

(( ootd )) ||T’étais pas certain de pouvoir entrer, mais il t’avait pas bloqué le passage ni menacer d’appeler les flics. Tu pouvais pas te faire arrêter. Pas avec ton casier judiciaire bien existant. T’étais le genre de type qui dérangeait dans la société. Celui qu’on préférait voir crever plutôt que de vivre au milieu des autres. Elle, elle te faisait une place dans sa vie avec facilité, comme si t’étais pas différent, comme si tu pouvais être pardonné de toute tes erreurs. T’étais perturbé par cet élan d’humanité. De quoi toucher ta sensibilité. Tu pouvais pas partir. Pas comme ça. Tourner le dos à une gamine qui te ressemblait. T’espérais simplement que son père n’était pas un junkie et qu’il n’oubliait pas de la nourrir durant plusieurs jours. « Oui je reste. Faut bien quelqu’un pour s’occuper d’elle. » Vu que lui ne semblait pas prendre son rôle très à cœur. Au moins, il te foutait pas dehors et c’était déjà un exploit. Est-ce qu’il était cinglé ? Pour te laisser auprès de sa fille sans rien savoir de toi ? T’étais terrifié à l’idée qu’il puisse l’abandonner à n’importe quel pervers. Tu te vexais pas quand il critiquait ton physique, parce que toi, tu savais exactement ce qui se cachait sous tes vêtements. T’avais pas besoin d’être en compétition avec les autres, contrairement à lui. Tu haussais simplement les épaules, signe que t’acceptais sa critique. C’était personne ce mec, et t’avais appris à ne plus te laisser toucher par ce que les autres pouvaient penser de toi. « Toute seule ? Je vais t’aider. C’est dangereux les couteaux. » Tu jetais un coup d’œil par-dessus ton épaule à ses réflexions, profondément blessé par l’image de ta mère qu’il reflétait. Elle non plus, elle t’avait jamais emmené chez le médecin quand t’en avais besoin. C’était ton meilleur ami qui avait pris soin de toi. Et en attendant qu’elle trouve sa moitié, tu voulais bien jouer ce rôle. « Hey tu vas… » où ? T’avais même pas le temps de finir ta question qu’il avait disparu dans une autre pièce. T’avais l’impression de rêver. D’être en plein cauchemar. T’aurais préféré que ce soit pas la réalité, mais tu connaissais trop bien ce genre de vie. Tu te concentrais sur la petite. « C’est quoi ton prénom ? » que tu demandais en la soulevant pour la faire grimper sur une chaise et la mettre à auteur de la table. Tu fouillais dans les tiroirs pour chercher un couteau avant d’ouvrir la boite. Tu l’autorisais à poser sa main dessus alors que c’était toi qui dirigeais son geste pour couper la pizza. « On mange avec les doigts. » C’était la seule et unique façon de manger ce genre de chose. De quoi rendre dingue son père. Tu l’écoutais avec attention et tu manquais de t’étouffer avec ta salive. « Maman Jun ? C’est qui ? » Elle avait une mère alors ? Tu comprenais rien. Et elle te laissait pas le temps de réfléchir. Tu grignotais une pointe en lui montrant tous tes tatouages et tu la laissais en colorier certains avec tes feutres. « Il est comment…ton père ? » C’était toujours mieux ici que dans un foyer. T’avais d’autres livraisons à faire. T’étais attendu. T’avais bien vu les messages que t’avais reçu. « Je dois retourner travailler mais on essaiera de se voir bientôt ok ? » Tu pensais bien à lui laisser le gâteau au chocolat sur la table avant d’entrer dans la pièce dans laquelle son père s’était isolé. Tu te foutais bien qu’il soit dans son bain. « Je me tire. Il est tard. Tu devrais coucher ta fille. » Tu t’attardais sur le masque sur son visage alors que tu pinçais les lèvres pour retenir un sourire. « Super glamour. »  

(( ootd )) || T’aurais pu prétendre que t’avais un grand cœur ou que tu croyais aux deuxièmes (et dixièmes) chances… que tu lui donnais le bénéfice du doute en lui ouvrant ta porte … la vérité, c’est que t’en avais foutrement rien à faire de ce qui pourrait arriver à ta fille. T’étais pas attaché à elle, t’étais pas spécialement enclin à le devenir non plus, c’était comme ça, l’instinct parental, tu l’avais jamais vraiment développé, et si ça n’avait pas été une entrave à ton retour vers la gloire, tu l’aurais laissée dans un foyer à la minute même ou sa mère s’était tirée pour un monde meilleur. T’avais pas ça en toi, l’amour parental – l’amour, en général – parce que t’en avais jamais reçu pour te familiariser avec le concept. Et être père… tout ce qui te revenais quand t’imaginais la chose, c’était les coups du tien et le talent qu’avait toujours eu ta génitrice pour fermer les yeux et te laisser se faire tabasser, pour ne pas subir à ta place. Pour toi la famille, c’est un concept de merde, mieux vaut chacun pour soi. Au moins, t’as jamais levé la main sur la petite, tu t’assures vaguement qu’elle mange et soit vêtue, tu peux rien faire pour ton indifférence, c’est tout. Si t’avais encore du fric, tu pourrais refiler ce problème à d’autres là, t’avais pas vraiment d’option, comme tu râlais par facetime à Jun alors que tu te glissais dans l’eau chaude avec ton serre tête à oreille de chats – super cute – et ton joli masque pour la peau. La vraie vie! Fallait que t’entretienne si t’espérais lui trouver une mère à cette petite, ta jolie gueule était ton seul atout. Tu trempotais jovialement, pendant que de l’autre côté de la porte, ta progéniture faisait les yeux doux à un monstre tatoué. « Min Ah! Tu veux être mon ami? » Qu’elle offrait en souriant, en se hissant sur une chaise pour se rapprocher de la créature. Elle avait pas l’air trop malmenée, la petite, physiquement parlant, et c’était en gesticulant (des bouts de fromages ayant volé vers tes armoires – un job pour ta mère la boniche demain) qu’elle expliquait : « Jun? Hmmm. C’est l’ami spécial de papa! Il a des cheveux comme Elsa ! Tout bancs !! Tu peux me les attacher? » Dieu merci, t’étais pas là pour la voir parler la bouche pleine comme un ruminant! Ni se resservir. Elle attrapait un élastique orné de cerises pour le tendre au livreur, attendant son relooking dans un air de prestance tout droit chipé à son père. « Il est beau Jun! » Loin de savoir qu’au minimum, ta fille avais du goût, tu t’adossais dans la mousse avant de te faire agresser par un intrus. Tu t’redressais d’un bond, toujours assis et dissimulé par les bulles, croisant tes bras devant ton torse comme une fille pudique. « HEY !!!!! Contrôle ton harcèlement sexuel on t’a pas appris à cogner ?!? » Tu te détendais vite en remarquant que c’était pas ta fille, mais bien ton employé (ou futur?) qui tentait de se tirer avant la fin de son chiffre!!! « Déjà? Mais non pars pas !!! Faut qu’on parle affaire! » Vu l’étroitesse de ton empire aquatique, t’avais juste eu à tendre le bras de ta main trempée pour attraper le sien. « Tu peux prendre un masque si tu veux, j’crois pas que ça nuise à ta sale tête… OK. Oui. Je m’égare! » T’avais surtout l’air très intimidant avec ton masque blanc et tes oreilles de chat, passons. « Tu veux pas un job plus payant qu’engraisser le pauvre monde ? Parce que la bête a besoin d’un éleveur à temps plein! » La bête. Min Ah. « Avec ta gueule de tueur tu dois prendre moins cher qu’une nana canon à gros buste pour t’en occuper non? » Il pourrait pas faire pire que toi. Si ? 

(( ootd )) ||Ça aurait pu être un rêve, ou plutôt un cauchemar, de te retrouver à discuter avec une gamine chez un inconnu incapable de lui accorder de l’attention. Mais t’avais beau de pincer le bras, tu te réveillais pas. Tu savais même pas comment t’occuper d’un enfant. T’improvisais en essayant de te montrer responsable. En vérité, c’était elle qui te montrait comment faire. Elle qui te guidait avec ses yeux brillants et ses mots. Elle était bavarde. Bien plus que toi. T’arrivais pas à saisir tout ce qu’elle racontait. Tout et n’importe quoi en même temps. Tu refusais de développer une amitié avec qui que ce soit mais quand elle te proposait la sienne, tu répondais sans réfléchir. « Ok. On est ami. » C’était pas un truc sérieux de toute façon. Elle t’aurait probablement oublié au réveil. C’était juste un moyen de lui faire plaisir et de ne pas la faire pleurer. C’était difficile de lui refuser quelque chose quand elle te regardait comme ça et quand elle s’agitait comme un petit animal. « Il est beau avec des cheveux blanc ? » Est-ce que cet abruti s’était trouvé un sugar daddy ??? C’était ce que tu comprenais avec les explications de Min Ah. Pourtant il ne semblait pas la nourrir correctement. Elle avait besoin de force. Pas de graines et de salade pour trouver un futur mari. Elle était même pas en âge d’y penser. Tu détestais les parents qui projetaient leurs angoisses et leurs traumatismes sur leurs enfants. T’avais la migraine de toute cette histoire et t’avais aucune honte à entrer dans la salle de bain sans frapper. C’était un mec. Autant dire que t’en avais vu des tonnes dans les douches de la prison. « Oh ça va. C’est pas comme si t’étais irrésistible. » Tu fronçais les sourcils en croisant tes bras sur ta poitrine. Parler affaires ? Tu pouvais pas faire confiance à un mec comme lui. « Je suis pas une nana, j’ai pas besoin de tes masques. » T’étais pourtant pas du genre à juger ou à te montrer sexiste ou homophobe, mais ce type, il faisait ressortir tes pires côtés. « Tu veux me payer pour m’occuper de ta gamine ? » Pourquoi ? T’étais pas du tout compétent pour ça. Et pourtant, ça serait probablement mieux que te perdre ton temps à livrer des pizzas. En vérité t’aurais bien besoin d’un second boulot pour vivre un peu mieux et ne plus t’inquiéter sur la nourriture. T’aurais dû refuser et te tirer pour ne plus jamais entendre parler d’eux. Mais tu restais là, à réfléchir en fixant ses stupides oreilles de chat. Tu t’approchais de la baignoire alors que tu taquinais une des oreilles « T’as intérêt à me filer un salaire convenable. » T’avais du mal à la laisser entre ses griffes quand tu voyais à quel point il la haïssait. C’était ce que toi t’avais vécu. Etre le fardeau de ta mère. Et tu refusais qu’elle termine comme toi.