old demons || Haeun

(( ootd )) || Tu quittes les bureaux administratifs en riant, requinqué par une petite conversation avec Myung Hee. Cette fille te fait rire, par son enthousiasme constant et ses anecdotes sur les trainees. T'as eu besoin d'aller la voir après un cours particulièrement décevant avec les nouveaux trainees, qui ont passé l'heure à se plaindre de la chaleur et ne se sont pas donnés à fond, et t'avais pas envie de croiser Jun Ha dans la salle des profs pendant ta pause. Ici, c'était une valeur sûre, un endroit parfait pour être au calme, posé et entouré de bonne humeur. Seulement, toutes les bonnes choses ont une fin, et tu dois quitter ton amie pour reprendre les cours, prévoyant d'abord un passage par la salle des profs - que tu espères déserte - pour une bonne tasse de café.

La porte fermée derrière toi, tu déambules dans les couloirs, te dirigeant vers le deuxième étage où se trouvent à la fois la salle des profs et ton territoire, la salle de danse. Tu croises quelques trainees, certains qui ne font que passer, d'autres qui attendent déjà pour ton cours. Gentil que tu es, tu leur déverrouilles la porte, leur proposant de commencer à s'échauffer en attendant que tu arrives, ou simplement d'aller s'asseoir sur les bancs au lieu de rester plantés là. Puis tu reprends ta route vers la salle des profs et fronces les sourcils en apercevant un homme de dos, qui n'a visiblement rien à faire ici.

Bonjour ? Je peux vous renseigner ?

Etant assez physionomiste, tu sais dire d'un simple coup d'oeil que cette silhouette n'est pas celle d'un de tes collègues. Peut-être un livreur qui se serait perdu ? Quelqu'un venu passer un entretien d'embauche ? Un visiteur égaré ? L'homme se retourne et la surprise que tu ressens fait vite place à un amusement mesquin. Parce que tu connais cet homme, cette ancienne star qui te prenait pour de la merde et qui est tombé bien plus bas que terre aujourd'hui. Tu lui souris avec un air moqueur et hautain, le dévisageant de la tête aux pieds.

Tiens, qui voilà. Tu reviens prendre des cours peut-être ? Même si c'est plutôt dans une école de civisme et d'éthique que tu devrais t'inscrire...

(( ootd )) || T’étais un peu retourné, et pour cause, l’ex-détenu que t’avais embauché pour s’occuper de ta fille avait une sacrée manie de creuser tes traumatismes d’enfance et tes hantises pour te remettre sous le nez que t’étais rien de plus d’un connard égocentrique. Un truc qu’aurais pas du te déranger outre mesure, t’assumais assez bien ton absence de remords et de sentiments, mais quand il était question de tes capacités parentales, ça jouait sur ta phobie inavouée d’être exactement comme tes propres géniteurs… Mais Min Ha, tu ne la frappais pas … c’était déjà un bon début non? T’étais le premier à espérer qu’on te la retire et qu’on accepte que tu n’étais pas du tout fait pour t’occuper de qui que ce soit. T’arrivais à peine à prendre soin de ta propre carcasse, beaucoup trop fracassé par ta chute professionnelle et la perte de ton si précieux statut. Devant un tel bordel psychologique, t’avais trois choix : le psy que tu ne pouvais pas payer, la bouffe que t’avais aucune envie de remettre pour conserver ta jolie gueule … et Jun Ha. T’optais pour la dernière option, tu devais forcément être un minimum endurable pour que ton meilleur ami reste à tes côtés en dépit de ta réputation cavalière, ton image publique atroces et les abominations qui franchissaient tes lèvres de conservateur enfoiré dès que t’osais parler… Non ? T’aurais qu’à traiter avec lui, échanger quelques conneries futiles, échanger les derniers potins et tout irait mieux. Tu pourrais rentrer chez toi avec un autre but que fixer ton plafond convaincu d’être un déchet dans cette société minable incapable de reconnaitre ton talent. T’attendais donc ta bouée de sauvetage, non loin de la salle de prof, t’avais juste besoin d’entendre sa voix, de confirmer qu’il était bien réel, que t’étais pas tout seul, que t’avais une seule personne sur cette terre de merde qui te laisserais pas tomber…

Mais comble de malheur, la voix qui te tirait de tes songes n’avait rien de ton inséparable. Tu posais tes prunelles sur l’intrus, immédiatement en mode froid et arrogant, et tu ne perdais pas une seconde à démolir le charme de ta gueule de prince dans un : « Tu devrais conserver le « vous » c’est plus approprié pour les gueux de ton rang. » Son rang de merdeux! T’avais reconnu de clown qui bousillait tes chorégraphies en 2 nano-secondes. C’est que t’étais pas loin d’avoir un poster de sa bouille dans ton placard pour jouer aux fléchettes. Tu croisais tes bras soigneusement entrainés sur ton torse, en prenant appuis contre le mur alors que tu le toisais dans toute ton arrogance. Une école d’éthique… « Haha. Bonne blague. Tu peux éviter de me casser les oreilles avec tes conneries? Déjà que ta sale tête me grille la rétine... » C’était possible d’être aussi répulsif? Bon, t’étais vraiment pas objectif, il t’avait tellement tombé sur les nerfs que tu le voyais carrément déformé. Sans réfléchir – un truc fréquent pour toi – tu t’adressais à lui comme un domestique dans un : « Je suis là pour Jun Ha. Tu dois bien le connaître, avec tes préférences déviantes j’serais étonné que t’ais pas remarqué le seul bel étalon de votre établissement minable à moins d’être carrément aveugle. » C’était une question? Absolument! Et t’y mettais l’emphase d’un : « Alors? »

(( ootd )) || Si on t'avait dit ce matin que t'allais croiser Kang Haeun aujourd'hui ? Tu serais peut-être pas venu au taff, clairement. Même si tu ne le montres pas, caché derrière ton sourire mesquin et tes moqueries, tu détestes ce gars. T'as détesté travailler avec lui quand il était idol et qu'il se la pétait, qu'il se permettait de traiter le staff comme de la merde. De te traiter toi comme une sous-merde. Parce que t'es bi, que t'aimes les hommes autant que les femmes et que tu l'assumes. Et qu'il est un homophobe qui s'assume tout autant. Alors le revoir ici, sur ton territoire, ça ne te fait pas plaisir non. T'espères particulièrement qu'il n'essaie pas de devenir prof à Ochiwa, sinon clairement tu files ta démission dans la journée et ils se démerderont pour trouver un nouveau prof de danse.

Mon rang ? On en parle du tien, monsieur l'idol déchu ?

Il a été plus populaire que tu ne le seras certainement jamais, tu l'admets bien volontiers, mais aujourd'hui il n'est plus personne et toi tu es toujours connu. Moins que ce que tu pourrais l'être si tu avais été idol toi aussi, mais tu as quand même des fans, une communauté qui te suit et qui sait que tu respectes assez les gens pour ne pas les décevoir, toi.

Fallait pas venir sur mon lieu de travail, c'est pas moi qui t'ai cherché hein.

Tu hausses les épaules, peu touché par ses commentaires sur ton physique. Tu sais qu'il dit juste ça pour t'énerver donc ça te passe au-dessus sans t'atteindre. Haeun reprend la parole, te parlant de Jun Ha et soudain, les pièces du puzzle s'emboîtent dans ton esprit. Évidemment, ces deux-là ne peuvent qu'être amis, vu comment ils sont insupportables tous les deux ! Tu lèves les yeux au ciel face à ses questions et suppositions, comprenant bien que Haeun voudrait que tu lui indiques où trouver son ami. Sauf que déjà les voir séparés t'est insupportable, alors tu vas clairement pas les réunir pour subir leur effet de meute, ça non.

Je connais un Jun Ha oui, mais il ressemble pas à ce que tu décris. Plutôt du genre connard égocentrique... comme toi tiens, mais en décoloré.

Un index pointé vers ses cheveux, tu superposes les deux images et, ouais y a un truc. Pas physiquement, ça non, mais maintenant que t'y penses ces deux-là ont un air des siamois dans la Belle et le Clochard, vicieux et malaisants.

Par contre je sais pas où il est, pardon.

T'as bien des idées, mais t'as ni l'envie ni le temps de l'aider à chercher, il a qu'à se débrouiller sans toi.

(( ootd )) || T’es potentiellement très bête, ou juste vraiment très doué à faire semblant. On pencherait pour la seconde option alors que tu laissais cet enfoiré te rabaisser exactement là ou ça faisait mal, figurativement parlant : ta carrière avortée. T’en perdais pas ton sourire, parce que t’étais un battant et un acharné, t’avais pas tiré un trait sur ton rêve pour autant, il suffisait que tu te débarrasse de Min Ah ou que tu l’utilises pour rayonner et la célébrité te connaitrait encore. T’étais trop séduisant pour t’éteindre! Ça te contrariait pourtant qu’il ramène ta déchéance sur le tapis, si t’étais un enfoiré avant, maintenant que t’avais plus grand-chose à perdre côté réputation, t’étais loin de mâcher tes mots. T’aurais peut-être plus de succès en l’insultant un tantinet moins … Mais avec Hajime, c’était carrément un automatisme, t’avais jamais pu le blairer avec ses différences et ses excentricités, t’allais crever avant d’avouer qu’il avait un tantinet de talent et que ses chorégraphies de minable avaient su gagner le cœur de tes fans. Avant … avant qu’un mauvais cours de contraception ne vienne bousiller ton avenir prometteur. Tu haussais les épaules, t’avais toujours eu la rétorque facile alors ça sortait avec un naturel déconcertant, les lippes étirées en un rictus arrogant, amusé, ton : « Vu les autres enseignants j’assumais à tort qu’ils avaient quelque standards à l’embauche. Mais t’es là, alors visiblement… » T’avais pas pour habitude de demander l’avis des autres, il avait deux oreilles, il pouvait écouter, tu cherchais Jun Ha, et si sa glorieuse personne ne venait pas purifier ton champ de vision du cancre danseur, t’allais te liquéfier devant tant de mocheté. Ah, la mauvaise foi. Étant muni d’oreilles sélectives, tu captais que la fin de son monologue et t’en rajoutais d’un très franc : « C’est ce que je dis, un canon aux cheveux décolorés, t’es peut-être con mais t’as encore des yeux fonctionnels apparemment. » Il pourrait se rendre utile. Plutôt que d’accepter sa rétorque de crétin inutile, tu poussais sur son épaule – avec un air dédaigneur, tu voulais pas attraper sa maladie de gay et devenir un paria! Tu lâchais un : « C’est pas comme si t’avais un job important de toute façon, t’as qu’à le chercher avec moi. » Tu ne lui donnais pas le choix, quand tu le poussais devant toi comme un otage – ce qu’il était surement – et un : « Fais pas style t’as pas envie, viens. » S’il avait un truc pour les mecs, clairement, ta belle gueule était dans son répertoire non? T’avais cette fâcheuse manie de penser que l’univers au grand complet était à tes pieds.

(( ootd )) || Deux minutes. Ca ne fait que deux minutes que tu es face à ce sale type, et t'as déjà envie de lui enfoncer ton poing dans le nez. Haeun a le don de t'agacer avec son air supérieur et sa façon de te traiter comme un chien simplement parce que tu ne rentres pas dans ce que lui considère comme les normes. Mais tu refuses de t'agenouiller devant lui, alors tu réponds à chacune de ses piques, usant de sarcasme et de faits, comme celui qu'il est l'intrus dans ce couloir et non toi, donc se plaindre de te croiser est absolument ridicule. Et quand il te parle de standards, tu ne peux t'empêcher de rire face à la perche qu'il te tend.

Oh mais ils en ont ! C'est pour ça qu'ils t'ont pas appelé toi, ils avaient peur que t'engrosses toutes les trainees si t'étais devenu prof.

Oui parce que tu sais très bien que sa fille n'est pas née d'une union amoureuse, loin de là. Haeun était du genre à se taper toutes les filles qu'il croisait quand il était idol, donc pourquoi se serait-il privé s'il était devenu professeur ? Evidemment, tu ne sais pas si c'est la raison pour laquelle il n'a jamais été envisagé pour le devenir - peut-être que sa voix nasillarde a joué aussi - mais tu sais que lui rappeler son scandale fera mal, donc tu ne te prives pas.

Question de point de vue disons.

La beauté est subjective, non ? Bon, tu dois reconnaître qu'ils ne sont pas moches, s'ils avaient des caractères différents tu pourrais même les trouver beau mais, en sachant ce qui se cache derrière ces visages tu ne peux que les trouver hideux tous les deux. Tu serres les dents quand Haeun vient te pousser pour te faire avancer devant lui et t'obliger à chercher avec lui. T'envisages de t'écarter pour répliquer, mais ses derniers mots te donnent une idée et tu te tournes vers lui avec un sourire narquois.

T'es sûr que c'est pas plutôt toi qui en as envie ? T'es pas trop mon style mais si je ferme les yeux ça peut passer tu sais.

Baissant les yeux, tu fais mine d'observer et jauger son corps, comme pour soupeser la possibilité d'un moment intime avec lui.

Je sais où on pourrait être tranquilles, si t'en as tellement envie...

Et pour pousser le bouchon plus loin, tu lèves une main pour glisser tes doigts sur son torse, prenant le risque de te ramasser une droite bien méritée - mais qui en aura valu le coup, clairement.