Dirty talk for dummies ft. Jun Ha

(( ootd )) || Il y avait des jours plus difficiles que d’autres … Ça avait beau faire six ans que t’étais en Corée, par moment, tu t’y sentais pas à ta place et t’aurais vendu n’importe lequel de tes organes pour revoir les vagues de LA s’écraser contre le sable. C’était pas chez toi ici, mais comme t’étais en cavale pour échapper à tes propres souvenirs, tu faisais avec. De toute manière, t’avais jamais vraiment eu ta place nulle part, à l’école, t’avais toujours été un rejeté, un raté, le genre de gamin dont on se moque et à qui on chipe ses possessions, juste parce que t’étais pas aussi grand que le gorille américain moyen et que t’avais les traits fins. T’avais appris à sourire, pour ne pas accabler tes proches de tes emmerdes, un truc que t’avais eu en commun avec ta sœur. Puis, t’avais décidé de te déraciner dans l’espoir de ne voir dans aucun élément de ton environnement, des bribes de ta jumelle … ça marchait à moitié. Parc que même ici, alors que ta gueule se fondait dans la masse, t’étais catégorisé comme un étranger et un intrus, ton coréen médiocre et ton absence de sens des convenances avait tendance à te foutre à l’écart. T’étais trop tactile, tu parlais trop fort, et ce persona de gamin insouciant, quoi qu’attachant, était un risque calculé. Tu plaisais autant que t’étais déplaisant, et tu réalisais que tu ne pourrais jamais vraiment t’arracher à ton rôle de raté. T’avais beau avoir tout le succès du monde comme artiste et comme créateur de contenu, ça remplissait pas le vide dans ton poitrail. Bref, t’étais maussade, et ça n’arrangeait rien à ton humeur quand Hajime t’envoyais un texto pour t’annoncer qu’il était retenu par un groupe pas top côté chorégraphie, qu’il aurait DES HEURES de retard pour votre « diner date ». Bon t’étais pas spécialement occupé en journée, généralement, tu maquillais pour les show et les apparition télé, le soir, c’était ta période achalandée. Mais t’étais quand même rendu à Ochiwa, à déambuler dans les couloirs avec ta carte de staff parce que genre 1 fois par éclipse, tu remplaçais un de leur prof pour la supervision d’examen ou une leçon de stylisme. Bref. Rien de glorieux. T’allais faire quoi de tes deux heures hein? Comme une révélation du ciel, tu marchais, nonchalant, dans les couloirs quand une séductrice symphonie se fit entendre à tes oreilles. LÀ, dans une classe, on parlant anglais! Ta langue natale, un petit baume sur ton mal du pays. N’ayant jamais eu un grand sens de la retenue, tu passais ta tête par la porte ouverte, confus de réaliser que celle-ci donnait sur le coin arrière de la classe, et que le cours était devant. Tu cherchais à pister cette appât sonore comme un marin devant le chant de sirène et tu la voyais enfin, la provenance de cette voix anglophone à l’accent impeccable : une créature divine qui avait opté pour ton sens du style de peroxydé haut de gamme : Ton Arielle! Sans le réaliser, tu t’étais faufilé dans un des sièges libres, et pendant que le prof parlait de grammaire avec une voix clairement appropriée pour une sensuelle conversation d’oreiller, tu regardais les gamins évachés, semi-endormis, à peine attentif à la démonstration de grandeur qui se passait devant eux. Quand blondie annonça enfin que le cours était terminé et que le silence monstre de la pièce te percuta en plein poitrail, tu fis la seule chose logique en pareille circonstances : intrus de local, stalker de matériel pédagogique, tu t’levais sur tes pieds pour applaudir chaleureusement en lui donnant le standing ovation qu’il méritait royalement. Faut pas s’étonner s’ils révoquent ta carte d’accès après ça.

(( ootd )) || Si y’avait un truc que tu prenais au sérieux, c’était ton boulot. T’étais un peu déçu d’exercer dans ce genre d’établissement ou l’enseignement de l’anglais était loin d’être important. T’étais souvent désespéré par leur niveau lamentable. T’essayais d’attirer leur attention avec des vidéos ou leur faire comprendre que s’il aspirait à une carrière internationale, ils avaient plutôt intérêt à pouvoir communiquer correctement avec leurs fans. T’aimais ta langue maternelle, toutes les subtilités, les choses qu’on pouvait dire de dizaines de manières différentes. T’estimais que tu méritais beaucoup plus de reconnaissances. T’essayais de passer pour un professeur gentil et attentionné mais pour la plupart tu rêvais de les réveiller de leur sieste à coup de bouquin que le crâne. T’avais décidé de les torturer avec une œuvre de Shakespeare pour les punir. Tu détestais que tes notes ne soient pas prises au sérieux. Tout ce qu’il désirait c’était vivre de leur passion. Ils étaient bien naïfs tous ces gamins. Tu continuais pourtant de t’impliquer pour gagner ton argent toi-même et ne plus compter sur tes parents. T’avais toujours voulu t’émanciper de leur richesse même si t’aimais le luxe. Tu voulais te payer tes fringues griffées toi-même. Prouver que tu valais quelque chose. T’étais peut-être pas doué pour danser ou chanter, mais t’avais des diplômes et tu connaissais assez bien le monde pour comprendre qu’ils finiraient tous esclaves de leur agence. Qui pouvait vraiment vouloir ce genre de vie ? Tu tapais dans tes mains à la fin du cours en annonçant qu’ils devraient lire les cinq prochains chapitres pour ton prochain cours. T’allais soupirer de désespoir mais t’étais surpris par des applaudissements. Ce qui devrait arriver à chaque fois. Tu relevais les yeux vers l’inconnu qui semblait apprécier ton accent ou peut être ton style. Parce que t’avais aucun doute, t’étais vachement beau. « T’es pas un de mes élèves. » que tu disais dans un sourire satisfait alors que tu rangeais tes affaires dans ta jolie sacoche en cuir. Peut-être qu’il venait de s’inscrire. Ou qu’il avait besoin de cours ? Tu pourrais l’aider volontiers s’il continuait de t’applaudir. T’étais pas un mec difficile, ni aussi intelligent que tu le croyais. Il suffisait de te flatter pour te faire faire n’importe quoi. « T’as besoin de quelque chose ? » Tu regardais ta montre. T’étais pas pressé. Tu pouvais bien lui accorder un peu de ton précieux temps.  

(( ootd )) || Tu faisais ça souvent, des conneries sur un coup de tête, des bêtises non-anticipées juste pour éviter de te retrouver tout seul avec tes songes, de t’faire écrabouiller le poitrail par le poids de tes souvenirs. C’était plus simple de jouer à l’autruche, de faire l’idiot et de te coller un sourire éblouissant au visage en te souciant honnêtement des problèmes de l’univers tout entier pour ne pas avoir à confronter les tiens. T’étais doué pour compartimenter, pour trouver des gens plus brisés que toi, plus demandant, et leur déverser toute la compassion, la tendresse et la joie qu’il te restait, ça te permettait de ne jamais affronter les démons qui grouillaient sous ton lit et t’empêchaient de fermer l’œil. C’était donc plutôt anodin pour toi, de jouer les intrus dans un cours d’anglais, d’écouter un parfait inconnu trop stylé parler de littérature avec une passion que t’éprouverais jamais pour la chose. T’étais dyslexique, t’avais un mal de chien à te concentrer, et tu tentais de toutes tes forces de dissimuler ton handicap en redoublant d’efforts. T’avais choisi une carrière manuelle, artistique, et c’était certainement le seule type de truc dans lequel t’excellais. Mais le prof, il avait l’air blasé, et s’il y avait une chose que Lim Jayden ne supportait pas, c’était la déception! Alors tu la lui offrais, son ovation, au grand damne des gamins qui te dévisageaient comme un lunatique en gagnant la sortie. Mais blondie, il avait tiré un sourire ravi, et instantanément, ton poitrail se réchauffait. T’étais un accro au bonheur des autres, un junkie affectif, tu préférais passer pour un taré que d’avouer que t’avais un besoin pathologique de l’approbation des autres. Il s’approchait, tu lui tirais ta bouille de chaton innocent dans un : « C’est une bonne ou une mauvaise chose? » de ne pas être son élève, alors que, malgré toi, tu retournais à ton anglais natale dans la discussion. Ça t’faisais un bien fou, une petite part de toi-même rescapée, une manière de chasser le mal du pays. L’ange de beauté et d’altruisme devant toi te proposait son aide, et instantanément, ton jugement déficient le classifiais comme une bonne personne pleine de générosité et de douceur! Ton sourire s’élargissais devant cette nouvelle rencontre. Le hic avec toi, c’est que t’étais un peu naïf, crédule, et que tu donnais le bénéfice du doute au monde entier. Un réflexe un peu malsain vu ton historique. Bref. Tu penchais la tête, l’air joueur, en demandant :« Ça dépend, est-ce que tu vas me faire payer parce que c’est pas super bien rémunéré mon job. » Maquilleur, c’était un salaire de crève faim. Mais tu manquais pas de fric, tes parents t’avaient laissé une petit fortune quand tu t’étais tiré, de quoi vivre confortablement tes 10 prochaines vies. Une manière silencieuse de s’excuser pour leur absence, de ne pas subir ta rage pour leur abandon face au décès de ta sœur. URG. Tu voulais pas y penser, tu reposais ton attention sur le prof en joignant tes paluches derrière ton dos pour t’incliner un peu vers lui, le toiser de bas, en petit peuple que t’étais. « En vrai … j’ai juste été attiré par ta voix, enfin, tu parles anglais, tout ça … c’est rare. » Tu hochais la tête en souriant, aussi excité qu’une puce. « Mais maintenant que t’es là, j’ai besoin d’une information CAPITALE. » Et sans demander, parce que t’avais le sens de l’espace personnel inexistant, t’attrapais une de ses mèches entre le pouce et l’indexe dans un : « C’est quoi ton shampoing? J’arrive jamais à entretenir un Platinium aussi éclatant! »