Angel Eyes (Ji Su)

(( ootd )) || La bibliothèque, c’était ton nouveau terrain de jeu. Pas parce que t’avais envie de lire des bouquins malgré ta fervente passion pour la littérature, mais parce que la fille qui y travaillait serait parfaite à ton bras. Elle semblait un peu cultivée et pas trop bête. Le genre de personne qui pouvait parler sans te faire lever les yeux au ciel. Et t’avais besoin de ça pour supporter la présence d’une femme à tes côtés. Tu t’étais toujours forcé dans tes relations, juste pour donner l’impression que t’étais un Casanova. Le truc c’était que t’avais jamais rien ressenti pour tes copines et que le seul moyen de te rendre performant dans vos ébats, c’était de penser à ton professeur de sport. L’apparence, c’était tout ce qui comptait. C’était ce que t’avais appris en évoluant dans ce monde. Et t’avais pas d’autre choix que de jouer un rôle pour ne pas être mis à l’écart. Tu réajustais ta veste et tu passais une main dans tes cheveux avant d’entrer dans l’établissement à la recherche de ta prochaine victime. Elle était jolie, objectivement. Tu pouvais pas le nier. Tu prenais ton air le plus assuré alors que tu te dirigeais vers elle pour l’aborder de ton plus bel anglais « Do I know you? Cause you look a lot like my next girlfriend. » Tu ponctuais ta phrase d’un clin d’œil avant de rire légèrement. « Salut. » C’était la bonne chose à faire, te chercher une nouvelle copine que t’aimerais jamais. T’étais peut-être intelligent, mais t’étais loin de prendre les bonnes décisions. « Est-ce que t’as peu de temps libre ? » T’étais habitué à faire ça, flirter sans aucune honte. Fallait pas y aller trop fort, mais ne pas laisser place au doute non plus quant à tes intentions. Finalement, tu voyais ça comme un jeu. Un moyen d’oublier que t’étais en train de foutre ta vie en l’air en enterrant tes problèmes au lieu de les affronter. T’étais un sale con. Tu pouvais pas le nier. Le pire c’était que t’avais pas vraiment d’excuse pour ton comportement. « Je cherche un livre. Peut-être que j’y trouverais ton numéro dedans. » T’avais cet air charmeur et ton petit côté abruti. La plupart du temps t’avais du succès. La plupart du temps… 

(( ootd )) || Assise à ton bureau, tu es occupée à encoder des bouquins dans ton logiciel, surveillant d'un oeil les rares trainees qui se trouvent dans la bibliothèque. Il fait relativement calme aujourd'hui, tu n'as pas beaucoup de passage, et quasiment personne ne vient t'embêter pour des renseignements ou pour louer un bouquin. Ils travaillent sagement dans leur coin, en silence, et tu peux toi aussi t'occuper à des tâches plus administratives, avec la quasi certitude que personne ne viendra te distraire. Tu empiles les nouveaux livres à côté de toi, fraîchement enregistrés dans votre base de données et en attente de recevoir leurs dernières étiquettes, et seuls les bips du scan des code-barres résonne autour de toi. Jusqu'à une voix, qui vient s'adresser à toi, dans cette langue que tu maîtrises assez bien. Te doutant de qui il s'agit, tu n'es pas surprise de trouver le professeur d'anglais près de ton bureau quand tu tournes la tête, et tu esquisses un sourire à son intention.

That girl must be pretty then ? Who is she ?

Ouais, pour quelqu'un d'intelligent t'as pas compris qu'il parlait de toi. T'as vraiment cru qu'il te trouvait une ressemblance avec une fille qu'il comptait séduire, mais peut-être qu'il verra ça comme une façon de le repousser, et pas comme la démonstration de ton manque de jugeotte.

Bonjour. Que me vaut le plaisir ?

Tu continues de lui sourire, parce que tu apprécies Jun Ha, tu le vois comme un collègue agréable, un potentiel ami même. Vous avez en commun votre maîtrise de l'anglais, votre goût de la culture, et il semble aimer l'univers dans lequel tu évolues, donc pourquoi ne pas lui sourire ? Sa question te prend un peu au dépourvu, mais tu consultes rapidement l'heure et réfléchis à la suite de ta journée.

Hum... je finis dans quinze minutes, pourquoi ?

Tu relèves la tête vers lui, vraiment curieuse et innocente. Si tu te doutes de ses intentions ? Pas une seule seconde. Il est rare qu'on te drague - ou du moins que tu le remarques - alors t'as du mal à capter les signaux, même quand l'homme en question est aussi charmant que ton collègue. Seul hic : il arrive trop tard et tes pensées sont déjà occupées par un beau brun musclé. Beau brun qui, lui, ne rirait probablement pas comme tu le fais aux paroles de Jun Ha.

J'en doute, mais tu peux toujours les fouiller ! Tu t'entraînes pour draguer ta future chérie ou quoi ?

Oui, t'as quand même capté que c'était une phrase de drague... juste pas qu'il était réellement sérieux.

(( ootd )) ||T’étais un pro de la drague ! Ou tu pensais l’être. Parce que ton charme légendaire ne semblait pas fonctionner sur la bibliothécaire. Est-ce que t’étais pas assez bien habillé ? Pas assez bien coiffé ? Pourtant ton sourire était le même et il faisait toujours son effet. Tu te laissais pas abattre. Peut-être qu’elle parlait pas si bien anglais que tu le croyais. Peut-être qu’elle avait pas compris la subtilité de ta pick up line de qualité. T’étais superficiel, elle était tout l’inverse. Et c’était sûrement ce qui t’avais plus chez elle, ce qui avait fait que tu ne le regardais pas de haut comme tu le faisais avec la plupart des gens. T’étais pas quelqu’un de bien, quelqu’un de foncièrement gentil, mais t’avais pas un mauvais fond non plus. T’étais honnête, trop franc au point de blesser ceux qui osaient t’adresser la parole. T’étais blessé dans ton égo. Comment est-ce qu’elle pouvait ne pas être réceptive à ton charme ??? C’était rare que t’arrives pas à tes fins. Tu repassais une main dans tes cheveux alors que tu continuais tes tentatives désastreuses de séduction. « Ji Su. C’est le nom de ma future copine. » Au moins t’avais réussi à la faire rire. Un peu. T’avais pas beaucoup d’amis. T’en avais qu’un en fait. Et elle, c’était ce qui s’en rapprochait le plus. C’était un peu stupide de gâcher ça, simplement pour flatter ta petite personne et nourrir ton besoin d’attention. « Je cherche vraiment un bouquin. Mais on peut aller boire un verre après ? » T’avais bien noté qu’elle était célibataire et puis t’avais l’excuse d’une escapade entre collègues. Tu savais pas que y’avait un autre homme (moins beau) dans ses pensées. T’aurais sûrement été vexé de ne pas être le premier ou le seul ! Et comme t’étais têtu et que t’étais meilleur dragueur en anglais tu tentais une nouvelle phrase stupide « J’ai une questions sérieuse. » Faux. Mais ton air fermé laissait croire le contraire. « I was wondering if you could tell me: If you’re here, who’s running Heaven? » Aaaaah ! Même toi tu pourrais pas te résister ! T’étais fier de toi et ça se voyait à la lueur qui faisait briller ton regard. Tu passais pour un crétin, mais les filles aimaient ça non ? Que tu joues les idiots. Que tu te montres aussi charmeur ? T’avais une réputation de Dom Juan, mais dans le fond, t’y connaissais rien à l’amour.  

(( ootd )) || Ji Su ? Tu plisses le front, perplexe. Tu ne comprends pas trop pourquoi il te donne ton prénom en disant qu'il s'agit de sa future copine, tu ne comprends pas qu'il parle de toi. Probablement qu'il connait une autre fille qui porte ton prénom, il est assez courant dans le pays, mais la façon dont il te regarde donne à croire qu'il attend que tu captes un truc. Tu te contentes de lâcher un ah comme si la pièce était tombée, puis tu détournes le regard, un peu gênée. Mais c'est impossible qu'il te drague, pas lui. Pas un gars comme lui, pas une fille comme toi. Vous avez des points communs, votre goût de la lecture, votre connaissance de l'anglais, mais vous êtes deux personnalités opposées, vous n'iriez pas ensemble et il ne doit pas te trouver intéressante, si ?

Ca me va oui ! C'est quel livre que tu cherches ?

Soulagée de changer de sujet de conversation, tu attends qu'il te donne un titre, un auteur ou un thème, prête à mettre à l'oeuvre tes talents de bibliothécaire. S'il cherche un livre, alors tu vas le trouver, et si vous ne possédez pas ce qu'il désire, tu feras en sorte de l'avoir dans les jours qui viennent pour satisfaire la demande de ton lecteur. Tu relèves la tête quand il dit avoir une question sérieuse et l'écoutes parler en anglais. Il te faut une seconde pour enregistrer l'info et en comprendre le sens, puis tu pouffes de rire, cachant ta bouche derrière une main.

Oh come on ! You can do better than that, right ?

Tu ris un peu, pas pour te moquer mais parce que tu ne sais pas comment réagir autrement, puis tu te penches vers lui, comme pour lui confier un secret.

Entre nous, ça marche vraiment ce genre de phrase ? C'est un peu... cringe, non ?

Tu grimaces un peu pour appuyer tes propos, n'étant pas du tout réceptive à la drague lourde de Jun Ha. Tu préfères la classe sobre de Jae Sung, le respect qu'il a eu envers toi, son humour, sa délicatesse. S'il t'avait sorti lui aussi ce genre de phrases, tu te serais contentée de lui déposer son café et tu serais partie direct.

(( ootd )) ||T’étais désespéré. Comment est-ce qu’elle pouvait être aussi hermétique à ton charme et ne pas comprendre tes allusions. Peut-être qu’elle préférait les femmes ? Tu pouvais pas poser la question, alors tu continuais de jouer les séducteurs du dimanche. « Songes d’une nuit d’été. En anglais. Shakespeare. J’ai envie de torturer un peu mes élèves. » C’était une de tes œuvres préférées, t’avais envie de la partager avec eux et de leur prouver que l’anglais pouvait être intéressant, différent. Toi tu devais juste les rendre bilingue pour qu’il puisse s’exporter à l’étranger et communiquer avec leurs fans. Mais c’était pas assez pour toi. T’avais envie de leur inculquer à quel point ta langue maternelle était riche. Tu pouvais pas rester sérieux très longtemps. Même si tu te doutais qu’elle ne répondrait pas à tes provocations, t’avais envie de passer un peu de temps avec elle. Avant, t’avais des amis parce que t’avais de l’argent et que tu venais d’une famille riche. On trainait pas avec toi par plaisir, juste pour profiter de ton portefeuille. Ji Su, elle était pas comme ça. Et t’étais reconnaissant qu’elle veuille bien te parler malgré tes tentatives de séductions minables. « J’arrive à te faire rire alors je pense que je m’en sors pas si mal ! » T’ouvrais de grands yeux à sa réflexion et tu manquais de t’étouffer avec ta salive. C’était un coup porté à ta fierté, tu savais même pas quoi répondre. Au moins t’avais la certitude qu’elle n’avait pas compris ta démarche. C’était peut-être mieux comme ça. Tu reprenais un peu contenance en bombant le torse comme un coq. « Bien sûr que ça fonctionne. C’est comme ça que je drague mes copines ! » Ex. Parce que t’avais jamais eu de relation vraiment sérieuse. « Comment est-ce que tu dragues toi ? » Est-ce qu’elle le faisait même ? Elle semblait bien plus innocente que toi. C’était aussi ce que t’appréciait chez elle. Qu’elle ne ressemble pas aux filles faciles avec lesquelles tu passais la plupart de ton temps. « T’auras qu’à me montrer ça autour du verre qu’on doit boire ! » Tu voulais bien jouer les cobayes. Apprendre à mieux la connaître. Le genre de chose que tu faisais jamais parce que y’avait que toi qui comptait. T’avais l’impression d’avoir changé depuis que t’avais commencé à enseigner ici. T’étais pas certain d’aimer ça.

(( ootd )) || Dès que Jun Ha te donne le titre du livre qu'il recherche, tes doigts s'activent sur le clavier de ton ordinateur pour vérifier sa disponibilité en rayon. Tu sais que vous possédez ce document, tu l'as toi-même commandé l'année précédente pour remplacer l'exemplaire tout abimé que ton prédécesseur laissait moisir sur son étagère, tu dois juste vérifier si il est bien là ou si un étudiant l'a déjà emprunté. Ce faisant, tu écoutes les paroles de Jun Ha, souriant quand il te dit vouloir torturer ses élèves en leur faisant lire cette oeuvre dans sa version originale.

De la torture, vraiment ? C'est une si belle langue, ils devraient être honorés !

Et pourtant tu comprends un peu ceux qui râlent depuis qu'ils ont ce nouveau professeur, beaucoup plus impliqué que le précédent. Ils vont devenir acteurs, mannequins ou idols, qu'ont-ils besoin de connaître du Shakespeare ? On devrait leur apprendre à répondre à une interview, tout simplement, mais tu es de l'avis de Jun Ha : ce serait dommage de se limiter à ça. Par contre, tu le reconnais, tu as du mal à comprendre quand il te drague en anglais, ou plutôt tu ne comprends pas qu'il est sérieux et ne te prives pas pour te moquer de ses phrases d'accroche qui ne fonctionnent pas du tout avec toi.

Ca fonctionne pour me faire rire, mais pas pour me séduire.

Tu lui lances un regard malicieux, comme pour le défier de sérieusement essayer, toujours persuadée qu'il fait ça pour t'embêter ou, dans le pire des cas, pour s'entraîner sur une autre fille. Quoique, franchement, t'as pas l'impression que ce genre de technique puisse fonctionner sur qui que ce soit, mais Jun Ha t'affirme le contraire avec assurance.

Bien, je te crois ! Moi ? Je... je ne drague pas. Ce n'est pas vraiment mon genre.

Tu baisses les yeux, un peu gênée d'avouer à demi-mots que tu n'as jamais cherché à séduire et que, de ce fait, tu n'as jamais eu de petit copain. À part dans tes livres, tu n'as jamais connu l'amour, tu ne sais pas à quoi ça ressemble, comment faire. Tu ne sais même pas si tu en voudrais, tu as tellement d'attentes à cause de tes romans que tu aurais trop peur d'être déçue face un homme réel qui ne suivrait pas le bon script.

Un verre ? Vous m'invitez à sortir, professeur Ahn ?

Tu ris un peu, avant de te lever de ta chaise et de contourner ton bureau pour rejoindre son côté. Puis tu poses une main sur son bras pour l'inciter à se tourner et à se mettre en mouvement vers les étagères.

Viens, Shakespeare t'attend par là.