Catisfaction (Hyun Su)

((ootd))Monsieur Butler. C’était le nom de ton chat. Le nom d’un personnage emblématique de ton livre favoris. Un chat que t’avais récupéré dans un refus quand tu t’étais senti un peu trop seul. Sur les réseaux t’exposais ça comme un sauvetage héroïque. La vérité c’était qu’il passait son temps à te mordre les pieds et à te sauter sur la tête au beau milieu de la nuit. T’aimais même pas vraiment ça les chats. Au lieu d’avoir un compagnon, t’avais adopté un monstre. Et ta fierté t’empêchait d’imaginer que tu puisses faire quelque chose de travers. T’avais pas un mauvais fond et tu voulais essayer d’arranger les choses. Rendre votre cohabitation un peu moins chaotique. Mais t’étais pas le genre de mec à demander de l’aide. Oh non toi t’étais le monsieur je sais tout de service qui se faisait un malin plaisir en exposant ses connaissances. Voilà comment tu te retrouvais devant un bar à chat. Le genre de folies que y’avait pas quand tu vivais encore aux Etats Unis. Tu jouais les docteur Doolitle en espérant comprendre le comportement de ton taré de félin en examinant ceux qui se trouvaient ici. Une idée stupide mais qui te permettait de t’éloigner un peu de l’école. T’y passais trop de temps et même si t’adorais entendre tes étudiants te complimenter, t’avais besoin de faire une pause. T’avais toujours cette pression sur les épaules, celle de devoir être absolument parfait pour ne pas tomber de ton piédestal. T’entrais, pas très à l’aise. Autant dire que t’étais le seul homme seul. Tu te sentais pas à ta place mais il était trop tard pour faire demi-tour. Et puis t’étais Jun Ha. T’avais peur de rien. (Mensonge) Tu t’installais à une table, tu regardais la carte. Que des trucs sucrés. Des trucs que tu pouvais pas manger au risque de voir ton poids sur la balance évoluer. Tu bougeais pas de ta place et tu touchais pas les boules de poils qui osaient s’approcher de toi. T’étais pas vraiment serein, un peu sur la défensive au cas ou l’un d’eux tenterait de t’attaquer. On pouvait pas vraiment t’en vouloir quand on voyait les traces de griffures sur tes bras. « Excusez moi… » T’interpellais un homme qui semblait travailler ici. Tu voulais pas passer commande, juste poser quelques questions. « Ils sont calmes les chats… Ils s’énervent pas avec autant de gens autour ? » Hors de question que t’en adopte un autre.

(( ootd )) || Hyun Su profitait d’un petit moment calme dans la journée pour jouer un peu avec ses chats. Ses bébés. Car oui, il considérait chaque chat d’ici comme son bébé, en plus des deux petits félins qui squattaient chez lui. L’amour des chats, c’était un truc de famille. Tous les Choi les aimaient. C’était à se demander s’ils n’avaient pas été des chats dans une vie antérieure. Accroupi devant les chats, il se releva lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir sur un nouveau client. Mais ce client ne semblait pas totalement à l’aise. Du moins, il ne réagissait pas comme la majorité des personnes qui passaient cette porte. La plupart avaient les yeux qui brillaient en voyant les chats et se mettaient à gagatiser devant leurs adorables bouilles, cherchant à les caresser et à jouer avec eux avant même de s’être installés. Mais le jeune homme qui venait d’arriver ne faisait rien de tout ça. C’était presque comme s’il se demandait ce qu’il faisait là. Peut-être qu’on lui avait demandé de venir ici pour un date ? Bah, ce n’étaient pas ses affaires. Il attendit donc que le nouveau venu soit installé avant de le rejoindre. De toute façon, il venait de lui faire signe.

Hyun Su arriva donc à hauteur de la table, un sourire poli aux lèvres. « Oui ? Bonjour, bienvenue ! » Alors qu’il s’apprêtait à demander si l’autre voulait passer commande – même s’il n’avait manifestement pas du tout regardé la carte – ce dernier reprit la parole pour poser une drôle de question. « Généralement, ils sont calmes, oui. Tant qu’on les embête pas trop, ce sont de vraies crèmes ! » C’était vrai. Les chats de Hyun Su étaient doux et ils aimaient les gens, la compagnie. Cependant, il ne fallait pas trop les emmerder, sinon ils sortaient littéralement les griffes. C’était logique. Il avait souvent un peu peur quand des enfants arrivaient car les enfants étaient imprévisibles et certains s’étaient déjà amusés à tirer la queue d’un chat avant de se prendre une leçon de morale de la part du propriétaire des lieux. Le regard du jeune homme se posa sur les griffures que l’autre avait aux bras. « Vous avez des chats, je suppose ? » A en juger toutes ces traces, un ou des chats assez turbulents. « Je vous sers quelque chose ? »  

((ootd))Tu demandais jamais d’aide, parce que t’estimais être trop parfait pour en avoir besoin. Pourtant, t’étais ici. Dans un foutu bar à chats pour essayer de glaner discrètement quelques conseils pour dompter la bête que t’avais osé adopter. Ses croquettes valaient plus chers que les steaks dans ton frigo. Tu trouvais ton animal vachement ingrat et t’étais tellement immature que t’étais pas capable de te comporter comme un adulte responsable dès qu’il donnait un coup de griffe sur ton canapé, ou qu’il volait ton oreiller la nuit. T’avais jamais vraiment reçu d’amour alors tu savais pas comment en donner au félin. Alors c’était pas ta faute. Voilà ce que tu te répétais pour ne pas assumer tes fautes. T’étais surpris que les chats soient beaucoup plus calmes ici. T’osais pas les toucher de peur de te faire attaquer et tu sursautais même quand un petit museau taquinait ton nez. « Ils sont toujours comme ça ?? » T’étais presque choqué et ça se voyait sur ta gueule avec ton air ahuri. Pourquoi t’avais choisi le pire ? Personne t’avais prévenu au refuge que ton compagnon à quatre pattes venait tout droit des enfers. Tu baissais les yeux sur tes bras meurtris par les griffes de Monsieur Butler alias Mister B. « J’en ai un, c’est bien suffisant. » T’avais déjà pensé à le ramener, dire que votre entente était loin d’être cordiale, mais tu refusais qu’on te juge. « Euh oui…café. Un café. S’il vous plaît. » C’était pas désagréable, un chat bien élevé. Tu gratouillais la tête de celui ou celle qui avait élu domicile sur tes cuisses. « Vous récupérez pas les chats par hasard ? » que tu demandais un peu trop innocemment. C’était mieux de le laisser ici que de finir égorger durant ton sommeil. Tu voyais bien à son regard parfois, qu’il était prêt à commettre un meurtre. Et tu pouvais pas en parler parce que tu passerais pour un cinglé. Tout ce que t’étais pas.