don't wanna eat || Jun Ha

(( ootd )) || Le restaurant... T'es pas fan de cet endroit, t'as jamais aimé t'y rendre, mais aujourd'hui t'as fait un effort. C'est l'anniversaire de ta mère et vous vous êtes réunis avec ton frère et tes parents pour passer un moment en famille tous ensemble. Sauf que t'aurais préféré un repas à la maison, cuisiné par ton père, un truc plus intimiste, où tu ne prendrais pas le risque d'être exposé et pris en photos par des fans, mais ça fait plaisir à ta mère, donc tu es là. Tu es assis à côté de ton frère, dos à la salle, avec lui qui fait barrage entre toi et la fenêtre, pour limiter les risques même si depuis votre arrivée deux personnes t'ont déjà demandé un autographe et un selfie. Tant que ça se limite à ça, tu n'es pas contraire, tu espères juste éviter une émeute et de devoir sortir par les cuisines, ce qui serait humiliant pour tes parents. T'espères aussi que les fans seront assez respectueux pour pas prendre de photos de ta famille et les afficher sur les réseaux.

Au niveau du menu, peu de choses te tentent. Tu n'as rien mangé de la journée pour essayer d'avoir un peu faim ce soir, mais tu te sens déjà nauséeux rien que de lire la carte des entrées, et tu soupires quand ton père te presse de choisir ton repas. Tu finis par prendre un truc qui te semble être servi en petites quantités, et tu refuses quand le serveur demande si tu souhaites un accompagnement supplémentaire. Inutile de commander de la nourriture dont tu es certain que tu ne verras pas le bout. Quand le serveur s'éloigne, vous trinquez avec vos verres, tes parents étant au vin, toi au coca et ton frère à la limonade. Puis vous parlez un moment, jusqu'à ce que vos plats arrivent à table. Et là...

Le chef vous a fait une portion plus large, il connait votre groupe et dit que vous devez manger correctement pour rester en forme.

Tu souris pour la forme, même si au fond de toi t'as juste envie d'aller vider ton assiette sur la tête dudit chef pour qu'il apprenne à se mêler de ses affaires. Ton assiette est énorme, bien trop grosse pour que tu puisses en voir le bout, et même si l'attention est touchante, tu te sens encore plus mal. Tu ne voudrais pas vexer le chef en lui renvoyant une assiette pleine... mais vomir dans son restaurant serait un affront encore pire, non ?

Tu ne manges pas fiston ?

Heu... si si !

Tu relèves la tête pour constater que tu es le seul à ne pas avoir entamé ton plat, et tu esquisses un sourire forcé en t'emparant de tes baguettes pour t'y mettre. Ton enthousiasme est aux abonnés absents, chaque bouchée te coûte, mais tu te forces pour faire plaisir à tes parents, même si tu dois tellement te concentrer que tu n'entends rien de la conversation qui se joue à table. Vers le quart de ton plat, tu pousses un soupir et lances un regard suppliant à ton père, qui connait tes problèmes avec la nourriture, mais ce soir il ne semble pas très réceptif.

Fais un effort Tae Ho, t'as presque rien mangé ! C'est pas comme ça que tu vas te muscler comme les gars de ton groupe hein !

Tu serres les dents, te retenant de leur répondre que le jour où tu seras aussi musclé que Jae Sung, tu ne seras plus capable de danser comme tu le fais et tu te feras peut-être virer de ton groupe. Au lieu de déclencher une guerre, tu hoches la tête, prends une grande inspiration et engouffres une bouchée supplémentaire, luttant contre la boule dans ta gorge qui te dit que tes limites sont sur le point d'être dépassées.

(( ootd )) || Un verre de vin et un bon livre. Voilà à quoi se résumait une bonne soirée pour toi. T’avais décidé de t’attarder dans un restaurant que t’appréciait. Tu mangeais presque rien alors quand tu décidais d’avaler quelque chose, tu préférait que ce soit sain. Tu t’étais pas vraiment rendu compte que tu t’étais mis à compter les calories, à virer de tes placards tout ce qui était trop gras et trop sucré. Tu disais que tu voulais pas gâcher tes séances de sport, que c’était simplement pour rester en forme. La vérité c’était que t’étais littéralement obsédé par les apparences. Parce qu’on pouvait penser de toi. C’était le problème quand on grandissait dans la richesse. Si t’avais refusé de retourner aux Etats Unis, tu t’étais tout de même retrouvé à refaire ton nez ici. Pour coller aux images qu’on voyait dans les magazines. T’étais concentré sur ta lecture, sur l’ambiance un peu tamisée de la salle qui donnait une impression un peu plus intimiste. Tu détestais manger devant les autres. A l’école, tu faisais semblant. Avec le temps, t’avais appris à détourner l’attention de ton assiette. Personne ne se doutait de rien et c’était très bien comme ça. Tu pourrais jamais assumer une telle faiblesse. Ça faisait pas partie de ton ADN. T’étais dérangé dans ta lecture par la table d’à côté. En général tu te mêlais pas de la vie des autres parce que tu supportais pas qu’on vienne fourrer son nez dans la tienne. T’arrivais pas à faire abstraction de leur conversation qui tournait autour de la nourriture. Tu te sentais presque agressé alors que t’étais pas concerné. Voilà pourquoi tu restais aussi discret sur ton régime drastique. Tu refusais de devoir faire face à ce genre de réflexion. T’observais le garçon mal à l’aise et sans réfléchir, tu te levais, ton verre à la main et tu reversais ton vin rouge sur sa délicate chemise blanche. T’affichais un air faussement désolé. Parce que désolé, tu l’étais jamais. T’étais professeur d’anglais mais t’estimais que t’aurais fait un bon acteur. « Je suis vraiment navré. » Tu regardais l’homme qui semblait être son père alors que tu posais ta main sur l’épaule de son fils. « Je paierais pour le nettoyage. Mais on devrait essayer de la nettoyer tout de suite… Tu viens avec moi ? » Tu laissais ton verre vide sur leur table alors que tu te dirigeais vers les toilettes pour l’éloigner quelques instants. Tu savais pas pourquoi t’avais fait ça. Il avait pas demandé ton aide. Et en général la tienne n’était jamais gratuite. Tu t’intéressais à personne d’autre qu’à toi-même. Peut-être que tu t’étais reconnu en lui. Face à sa détresse. Face à l’aveuglement de ceux qui étaient censé prendre soin de lui. T’appuyais tes fesses contre un des lavabos alors que tu croisais tes bras sur ton torse. « Ca va ? ».

(( ootd )) || Concentré sur cette assiette qui te fait face et ne semble pas vouloir se vider toute seule, tu ne remarques qu'à peine l'homme assis à la table voisine. Un homme seul, discret, qui n'attire pas l'attention de ta famille. Jusqu'à ce qu'il se lève avec un verre de vin rouge en main et ne se dirige vers toi. Tu ne le vois pas vraiment approcher, mais tu sens le moment où sa boisson se renverse sur toi, cette sensation froide et humide sur tes épaules, ton dos, ton torse. Tu pousses une exclamation de surprise et de choc, t'en perds tes mots, la bouche grande ouverte, et tu te relèves dans un sursaut, comme si ça pouvait limiter les dégâts. Les yeux baissés, tu constates que ta chemise est à présent striée de rouge tout du long, et tu écartes le tissu avec deux doigts pour diminuer la sensation désagréable que son contact te provoque.

L'homme prend la parole et tu te tournes vers lui, découvrant un homme à peine plus âgé que toi, mais plus mature vu la façon dont il prend les choses en main. Il s'adresse à ton père, parlant du pressing, et tu hoches la tête pour accepter d'aller avec lui nettoyer ta chemise. Ta mère veut protester, craignant certainement qu'il s'agisse d'un fan qui voudrait te kidnapper, mais tu l'ignores. Tu veux juste retirer ce vêtement et ne plus sentir ce liquide couler sur ton ventre.

Tu suis l'homme jusqu'aux toilettes, où tu t'empresses de déboutonner ta chemise à peine la porte fermée. En général, t'es assez pudique, t'aimes pas montrer ton corps maigre à des inconnus, mais là c'est urgent et tu le surveilles du coin de l'oeil pour qu'il en profite pas pour te prendre en photo et te publier sur les réseaux. Ca ferait de belles images, il aurait un beau scoop, et toi... quelle légende afficherait-il ? La vérité, ou un mensonge du style qui pourrait ruiner ta carrière ? Tu commences par essuyer ta peau avec des serviettes en papier, de l'eau coulant dans un évier pour ta chemise. Quand l'homme t'interroge, tu le regardes à travers le miroir.

Ouais, ça va mieux.

Tu parles de ton état physique, maintenant que tu es sec tu te sens mieux, même si tu as un peu froid sans ton vêtement. Mais quand tu regardes l'homme - ou son reflet - t'as cette impression qu'il te demande plus que ça, comme si...

Vous l'avez fait exprès c'est ça ? Pourquoi ?

Dois-tu te méfier de lui, même si son timing était libérateur et t'a permis d'échapper au repas ? Laissant ta chemise tremper dans l'eau savonneuse, tu te tournes vers l'homme, attendant sa réponse et espérant qu'il n'a pas de mauvaises intentions te concernant.