Jin Haseul - Wanna see a trick?

C’est une âme artistique, une vraie. Tout est une forme d’expression pour lui : ses fringues, ses cheveux, ses accessoires, son maquillage. On ne peut passer à côté de ses compositions et paroles sans parler de ses expressions…surtout du regard meurtrier qu’il peut balancer si tu lui piques sa bouffe.

Parlant de nourriture, il est un puits sans fond, comme si toutes ces années à se chamailler avec 8 autres gamins pour la portion restante l’avait mené à un besoin primal de manger plus que tout le monde. Le pire, c’est qu’il ne prend pas le moindre kilo peu importe ce qu’il avale et en quelle quantité.

Superstitieux à outrance, sa routine pré-concert pourrait presque inquiéter des thérapeutes. Ça va de revérifier s’il a bien attaché ses chaussures jusqu’à donner trois pichenottes sur son micro… D’ailleurs il lui faut toujours un deuxième micro de prêt, parce qu’il lui est déjà arrivé d’être tellement à fond en performance que ça a fini en projectile dans la foule plutôt qu’en outil de travail. Heureusement il n’a blessé personne.

Haseul est le genre de personne qui va justifier les agissements de quelqu’un par un de leurs signes astrologiques, leur groupe sanguin ou encore leur MBTI… Pas surprenant qu’il se fasse autant d’amies à chaque visite chez le coiffeur. Après il ira dire qu’il n’y croit pas réellement!

On lui reprochera aisément d’être trop sensible, ce à quoi il répondra que sans sensibilité, on ne peut pas écrire de bonnes chansons. Malgré cette dite sensibilité, il est aisément capable d'en prendre, et c'est pour ça qu'il utilise sa position non officiel de visage emblématique du groupe pour encaisser les coups à la place du reste de Trickshot.

Il ne digère pas que l'on assume des choses à son égard, ce qui n'est pas facile lorsque l'on vit dans l'oeil du public. Dans une entrevue, on lui a déjà demandé de confirmer qu'il était chanteur uniquement parce qu'il ne savait pas jouer d'aucun instrument. Depuis, il répète à tout le monde qu'il sait jouer piano et guitare mais qu'il préfère chanter.

Il a une sainte horreur des odeurs trop sucrées, celles qui sont clairement chimiques. Il préfère les odeurs naturelles, comme celles des fleurs ou encore d'un fruit fraîchement coupé. Une fan lui a déjà donné un ourson qui sentait la guimauve à la banane et il l'a refilé à un autre membre de Trickshot avant d'avoir la nausée. Il évite encore l'infâme peluche des mois plus tard.

Fait cocasse : Une fan internationale lui a dit une fois que son accent british était sexy alors qu'il n'avait sorti que deux mots en anglais et depuis ses bandmates se foutent de lui à la première occasion. Il y a d'ailleurs quelques compilations sur Internet des autres membres de Trickshot qui disent "sexy!" chaque fois qu'il ose prononcer le moindre mot en anglais. Lorsque  l'on considère que c'est sa première langue et qu'il a appris le Coréen en second, il trouve ça un peu lourd...

Son adoption n’est pas une histoire heureuse. Sa mère biologique voulait de lui, ce n’est pas elle qui l’a placé en adoption mais ses parents à elle qui l’ont apporté dans un orphelinat, la trouvant trop jeune pour avoir un bambin alors que ni elle, ni son copain n’étaient mariés et qu’ils n’avaient pas terminé leurs études.

Quelques jours ont suffi pour qu’il passe de l’orphelinat à un avion, direction Londres, où il a été adopté par ce qu’il qualifie aujourd’hui comme étant des « collectionneurs d’enfants ». Il était le quatrième de neuf au total, tous adoptés dans des pays différents.

Ses parents adoptifs paraissaient comme des héros au milieu de leur cercle social élitiste, des sauveurs qui offraient une bonne vie à des enfants qui n’avaient aucune chance au départ. Les gamins étaient des trophées à parader pour leur bien-paraître.

Ils n’étaient que ça, des trophées. Complètement déracinés, avec aucune connexion avec leurs cultures d’origines, leurs noms de naissance retirés pour des noms beaucoup plus anglophones. Encore aujourd’hui, le nom Henry donne des boutons à Haseul.

Dans cette famille fortunée, les baby-sitters s’enchaînaient pour aider les deux collectionneurs de bambins à se décharger de leurs obligations parentales. Jamais ils n’ont vu leur mère ou leur père cuisiner les repas qu’ils mangeaient tous ensemble ou les aider à se coiffer le matin.

Il ne s’était jamais vraiment posé de questions avant qu’une de ses petites sœurs, adoptée au Mali, ne demande pourquoi les frères et sœurs à l’école se ressemblaient un minimum mais ce n’était pas le cas pour aucun d’entre eux. Ce qui les unissait, c’était le nom de famille sur les papiers légaux, et cette réalisation terrifiante qu’ils étaient beaucoup plus que ce qu’ils avaient toujours pensé. Ils avaient des histoires, des cultures dont ils avaient été privés pendant des années.

À partir du moment que ses parents lui ont dit qu’il était Coréen, ce qu’ils n’avaient jamais voulu lui dire avant que les neufs enfants exigent des réponses en bloc, il s’est promis de retourner en Corée et reconnecter avec ses racines. C’est également à partir de ce moment qu’il a cessé d’appeler ses adoptants Papa et Maman. Il avait 12 ans, abruptement trop mature pour cet âge.

La musique était son échappatoire chaque fois qu’il pensait un peu trop à cette situation anxiogène de ne pas savoir d’où il venait réellement. Sa « mère » lui ordonnait de cesser ce supposé « tapage » constamment, ce qui le faisait chanter encore plus fort, frappant sur son mur pour marquer le rythme juste pour la faire regretter chaque jour d’avoir signé neuf demandes d’adoption. Si cela dérangeait un autre adopté, ils ne lui ont jamais fait sentir, chacun ayant des façons de se libérer de ce mal de vivre causé par le déracinement désormais criant et alarmant.

Ses seize ans ont été marqué par une opportunité en or : la possibilité de faire un échange étudiant à Séoul. C'est en arrivant en terre natale qu'il reprit le nom sur son acte de naissance, Jin Haseul, et qu'il découvrit la 'piste papier' de son adoption, qui lui fit comprendre qu'il n'était pas un cas aussi dramatique d'enfant abandonné qu'auraient pu lui faire croire ses adoptants.

Il adora tellement la Corée du Sud pendant son échange étudiant qu'il n’en revint jamais, s’enrôlant à Ochiwa dans l’espoir de vivre de la musique, un rêve qu’il n’aurait jamais été en mesure de réaliser en retournant en terre britannique mais qui semblait accessible via l’école.

Ce fût rapidement très clair qu’il ne serait jamais un idol – ce n’était pas le type de vie musicale qu’il désirait. Ses professeurs n’eurent pas le choix de s’en rendre compte, il suffisait de voir ce qu’il pondait dans les cours de composition… ce n’est pas de la pop du tout. C’était trop viscéral, trop lourd. S’ils avaient besoin d’une preuve de plus, ils n’avaient qu’à voir comment il avait aucun intérêt pour les cours de danse. Pas qu’il était mauvais, loin de là, mais ça ne lui disait rien du tout.

C’était bien tant mieux qu’il ne fut référé à aucune grande agence à sa sortie d’école. Il ne sait pas qui a donné le mémo à ce label qui est maintenant son chez lui, mais ils ne tardèrent pas à lui assembler un groupe, sa première vraie famille, Trickshot. Le sentiment cru des instruments joués live, des paroles bien loin des louanges répétées à outrance en k-pop, c’était son paradis à lui.

Dire que le pire était de former le groupe, c'était du pur mensonge. Le pire, le vrai, ce fût plutôt de tailler leur place dans cette industrie si compétitive qui ne donne droit à aucune erreur. Haseul savait bien trop que chacun d'entre eux serait passé au peigne fin, et il a vite entrepris d'être le mur entre ses frères musicaux et les questions insultantes ou embarassantes. S'il y avait la moindre division entre les membres de Trickshot, affronter les défis des débuts les souda pour de bon.

Une chance qu'ils étaient soudés, à voir combien les chiffres ne changeaient pas d'album en album, toujours un nombre de ventes similaires, jamais de bond fulgurant dans les résultats. Les patrons du label disaient constamment que tant qu'ils n'étaient pas en déficit de production, tout allait bien. Le rock, ce n'est pas la pop, on ne peut pas comparer...

...sauf un beau matin, ils lancent un album et ont le surprise de la voir devenir absolument virale. Utilisée dans une tonne de vidéos sur le web, source d'inspiration pour les influenceurs qui s'en inspirent pour des tenues ou des makeups. Tout cela mena à leur premier numéro 1, et qui avait signé les paroles? Haseul. Qui avait signé la mélodie? Les autres membres de Trickshot. Après plusieurs chanson co-écrites avec des sources externes, c'était leur chanson, faites par eux et que par eux, qui atteignait des sommets. Ils n'en revenaient pas.

Heureusement qu'ils sont populaires aujourd'hui et qu'Haseul peut s'accrocher à ce succès, car autre que la voie professionnelle, il n'y a pas grand chose qui fonctionne pour lui... mais tant qu'il a la musique, il est persuadé que tout ira bien.