be my ordinary hero - ft* Kim Ha Joon

(( ootd )) || Comment dit-on déjà ?
A chaque bonheur sa peine ? C’était donc ça ? Souffrir pour atteindre ses objectifs ? Voici donc ce qu’il ressentait pour la première fois de sa vie, une forme d’adversité dont il n’avait jamais eu l’expérience dans sa vie jusqu’alors. Il faut dire qu’à force d’être couvée comme le plus jeune de la portée qu’il était, le Baek n’avait jamais eu à s’en faire. Toutes douleurs, maladie ou bien tracas étant étouffé dans l’œuf par une famille aimante, un poil étouffante et une stabilité économique indéniable. Alors pourquoi donc affichait il toujours cet air de contrariété permanente ? Peut-être parce qu’il fallait savoir se donner une consistance de temps en temps. Le pianiste avait toujours trouvé monotone la manière dont les personnes étaient autour de lui, et rares étaient ceux qui avaient sa faveur en dehors des membres de sa famille pour qui il avait un amour indescriptible.
Sauf qu’en l’instant présent sa mine déconfite était en partie due au faite que du haut de sa majorité, et pour asseoir son image de bad boy attitré de l’établissement, Seung Han avait eu la bonne idée d’aller se faire tatouer le matin même.
Sur son épaule, il arborait donc à présent un tatouage fin et simple comportant une phrase en anglais et une sortie de petit dessin représentant une batterie vide. Tout un symbole. Le moment où on lui demanderait ce que cela signifiait arriverait suffisamment tardivement pour qu’il trouve une bonne explication à son choix. En réalité, il avait pris le plus fin et le moins cher de ceux présentés par la tatoueuse. Une nana qu’il avait trouvé par hasard sur Instagram et qui avait un rendez-vous en moins de quarante-huit heures, de quoi satisfaire son appétit dévorant de faire n’importe quoi.
A présent, il errait dans les couloirs, le bras brulant à cause des piqûres de l’aiguille, un petit pansement scotché dessus visible de tous en raison de son tank top noir asymétrique adapté à la saison certes, mais rendant son acte bien peu discret.
Serrant les dents Seung Han continua d’avancer dans le couloir, cherchant à rejoindre les toilettes afin de passer une compresse froide sur ce que sa sœur appellerait certainement une « erreur ».
Mais alors qu’il gémissait de bon cœur, profitant d’une occasion supplémentaire de se plaindre de sa condition malgré le manque de public réceptif, il vit une figure, longiligne et pas totalement inconnue apparaître à l’autre bout du couloir. Un éclair de géni le prit alors. Puisqu’il souffrait, il avait besoin d’aide, et cette personne ferait certainement très bien l’affaire.
Se trainant de son pas nonchalant et quelque peu dramatique le pianiste se retrouva face à l’homme qu’il savait être quelqu’un d’important dans le milieu de l’art et, sans ménagement ni formalité ou formules de politesses, il posa sa main sur son épaule. Ses yeux humides et son air attristé affiché sur son visage habituellement sombre et goguenard, Seung Han articulat alors faussement mal à l’aise.
« J’ai … besoin… d’aide… »
Et sans plus de ménagement il le tirât vers les toilettes dont la porte se trouvait juste à leur niveau.

(( ootd )) || Il arrivait que Ha Joon se rende à Ochiwa, école qu’il avait lui-même fréquentée, pour intervenir lors de certains cours ou juste parler de son métier aux élèves qui ça pourrait intéresser. Cela semblait étonnant vu sa personnalité et le fait qu’il avait du mal à se sociabiliser, mais même si se retrouver en face de tous ces élèves avait quelque chose d’intimidant, ça ne le bloquait pas pour autant. Peut-être parce que, justement, il parlait de sa passion. Peut-être que, quelque part, il voyait ça comme un rôle. Et lorsqu’il endossait un rôle, il oubliait son malaise face aux gens. Dans tous les cas, aujourd’hui, on l’avait appelé pour jouer les assistants en cours d’art dramatique. Le cours venait d’ailleurs de se finir il n’y a pas longtemps et ça s’était plutôt bien passé. Ha Joon avait donc quitté la salle de classe et s’apprêtait à partir afin de retrouver son chien et de répéter un peu avant sa représentation du soir. Mais c’était sans compter sur sa poisse du moment. En effet, tout semblait jouer contre lui, ces derniers temps. Le sort semblait s’acharner sur lui en l’obligeant à avoir des interactions avec des inconnus, des interactions peu banales, en plus de cela.

Alors qu’il parcourait le couloir en se dirigeant vers les escaliers, un jeune homme attira son attention. Ce jeune homme semblait étrange. Il...gémissait ? De douleur ? Ha Joon fronça les sourcils et était presque tenté de faire demi-tour pour éviter ce qui allait se passer. Mais quel genre de personne serait-il s’il tournait le dos à quelqu’un qui avait peut-être besoin d’aide ? C’est alors que le jeune homme arriva à sa hauteur, allant jusqu’à poser sa main sur son épaule. Ha Joon se crispa. Il n’était pas très à l’aise avec le contact physique non plus et encore moins quand ça venait d’un parfait inconnu. Cet inconnu avait l’air totalement désespéré cependant. Il avait les larmes aux yeux. Et il déclara difficilement qu’il avait besoin d’aide. Ha Joon aurait dû réaliser que c’était plus de la comédie qu’autre chose. Mais il était trop pris au dépourvu. D’ailleurs, avant qu’il n’ait pu dire quoique ce soit, l’inconnu se mit à le tirer à sa suite pour l’emmener jusqu’aux toilettes. Qu’est-ce que… ? Trop choqué par ce comportement, Ha Joon ne réagit que tardivement, une fois qu’ils furent derrière la porte. Il se défit de la prise de l’autre d’un geste assez brusque. « Qu’est-ce que tu veux ? » Était-ce un élève ? Probablement. « En quoi…tu as besoin d’aide ? Tout va bien ? » Sa première question avait été posée sur un ton presque agressif, alors que ce n’était pas du tout le genre de Ha Joon, d’habitude. Mais par la suite, il se radoucit. Peut-être que l’inconnu n’avait pas vu d’autre choix sur le moment.

(( ootd )) || La première personne qui lui passait sous la main prenait la responsabilité ; toute la responsabilité ; de l’état de Seung Han. C’était comme ça, il l’avait décidé. La brulure ressentie à son bras continuait de l’irriter et il avait besoin de soutien. Le jeune Baek avait besoin de quelqu’un, car il ne savait en réalité pas se débrouiller seul, c’était un fait. Il n’avait jamais été seul. Jamais il n’avait eu à se préparer à manger seul, à gérer ses affaires seuls, à faire la moindre corvée. C’était comme ça, derrière son air de rebelle indéfectible Seung Han n’avait pas connu de difficultés.
Alors oui, se faire tatouer, un choix délibéré pour asseoir son rôle de rockeur alors même que son instrument c’était le piano … ce n’était certainement pas l’idée la plus intelligente qu’il ait, mais c’était fait et il en payait les conséquences.
Après avoir attiré à lui la personne qui, par malchance passait par là, il continua son petit numéro, en se retenant au lavabo, le visage affichant une douleur certes ressentie mais qui ne méritait peut-être pas tant d’effets dramatiques. Et dire qu’il boulait devenir musicien et pas acteur.
La surprise de son acolyte ne le fit pas sourciller et Seung Han continua simplement de gindre, en laissant son sac en bandoulière tomber sur le sol dans un mouvement ample de sa part avant de se tourner pour montrer le haut de son bras. Bien que son sauveur se soit dégagé de sa prise, le pianiste resta proche, collant presque son visage meurtri à celui de l’homme qu’il avait attiré à sa suite.
« Le tatouage brûûûle… » dit-il, un sanglot coupant sa phrase en une forme de hoquet, les larmes lui montant aux yeux.
« Est-ce que tu peux m’aider et mettre de l’eau froide dessus ? » demandât-il en se mordant la lèvre inférieure prêt à exploser en larme malgré son look général de bad boy.
« S’il te plait ? » ces derniers mots furent prononcés du bout des lèvres, lui qui ne demandait jamais rien en suppliant, lui qui regardait un peu tous le monde de haut, pour quelques traits d’encre sur sa peau, il finissait par simplement ne plus être le même homme. Comme quoi, parfois il en fallait peu pour faire redescendre même les pires élèves de cette école. Surtout des élèves ayant besoin d’autant d’attention que Baek Seung Han.